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jeudi 22 septembre 2011

"Avant de confier son épargne à un gérant de fonds, il faut étudier une multitude de critères"

Les gérants n’ont pas échappé au krach boursier. Pourtant, leur expertise reste indispensable pour qui veut miser sur des classes d’actifs « exotiques », assure Jean-François Bay, le directeur général de Morningstar France. Performances, volatilité, frais, montant des encours… il nous explique comment bien choisir une Sicav.

Capital.fr : Quasiment aucun fonds n’est sorti indemne de la chute des marchés. Quel est aujourd’hui l’intérêt d’investir dans une SICAV?

Jean-François Bay :
Lors d’un krach, il ne faut demander à un gérant de faire des miracles. En fait, tout va dépendre des objectifs de chacun. Si, par exemple, vous souhaitez seulement investir sur les titres du CAC 40, autant choisir un tracker, qui répliquera fidèlement la performance de l'indice. En revanche, si vous comptez miser sur des petites valeurs, des obligations haut rendement ou sur les marchés émergents, mieux vaut bénéficier de l'expertise d'un bon gérant.

Capital.fr : Sur quels critères doit-on se baser pour évaluer les performances d'un fonds ?
Jean-François Bay : Il ne faut évidemment pas se focaliser sur la performance à court terme, mais plutôt regarder les gains à 3 ou 5 ans, et les comparer avec ceux de sa catégorie. Etudier le comportement du fonds lors des chutes des marchés donne aussi une bonne idée sur la capacité du gérant à gérer les périodes de stress. A plus-value égale, mieux vaut aussi privilégier un fonds dont la volatilité est inférieure, cela témoigne d'une meilleure maîtrise du risque. De toute façon, avant de confier son épargne à un gérant de fonds, il faut étudier une multitude de critères

Capital.fr : Frais d'entrée, de sortie, de gestion, commissions de surperformance… comment s'y retrouver parmi tous ces tarifs ?
Jean-François Bay : Les tarifs des fonds sont transparents : tous sont mentionnés dans la fiche signalétique. Concernant les frais d'entrée et de sortie, mieux vaut être prudent avec un fonds demandant plus de 5% au total. C'est autant de performance qu'il faudra rattraper avant de pouvoir dégager la moindre plus-value. Du côté des frais fixes annuels, ils peuvent être considérés comme raisonnables lorsqu'ils sont inférieurs à 2% pour un fonds action, et 0,5% pour un dédié aux obligations. Enfin, certains ponctionnent des commissions de surperformance allant jusqu'à 20%. C’est cela peut paraître élevé, mais c'est parfois le prix à payer pour miser sur un gérant aux performances excellentes.

Capital.fr : Faut-il éviter les fonds dont les encours sont trop importants ?
Jean-François Bay : Le niveau d'encours n'est pas un problème, du moins pour les fonds investis sur des poids lourds de la cote. Par contre, pour les OPCVM spécialisés dans les toutes petites capitalisations, méfiance : lorsqu'il dispose de plus de 200 millions d'euros d'actifs, le gérant devra prendre d’importantes positions, et peut donc avoir du mal à se dégager de certaines valeurs si cela tourne mal. Evitez aussi les SICAV dont les encours sont inférieurs à 20 millions d'euros, car elles ne sont pas forcément viables financièrement, en raison des importants frais fixes.

Capital.fr : Morningstar note les fonds de 1 à 5 étoiles… comment réalisez-vous cette évaluation ?
Jean-François Bay : Tous les mois, un logiciel passe la cote au crible et compare les performances sur 3, 5 et 10 ans, ajustées de la volatilité et des frais. Ensuite, les notes sont réparties suivant une distribution mathématique : par exemple, sur 1.000 fonds, les 100 mieux classés se voient attribuer cinq étoiles, les 225 suivants 4 étoiles, puis 3 étoiles (350), 2 étoiles (225) et 1 étoile (100). Ces notes, qui ne prennent pas en compte le mode de gestion de l'établissement ou la personnalité du gérant, sont diffusées gratuitement. En revanche les analyses qualitatives et nos bases de données sont réservées aux professionnels via un abonnement.

Capital.fr : N'y a-t-il pas de risque de conflit d'intérêt avec les fonds que vous notez ?
Jean-François Bay : Nous ne sommes pas rémunérés par les sociétés de gestion, mais grâce à notre service payant, ce qui nous garantit une parfaite indépendance. Certes, certains gérants font partie de nos clients, mais nous vendons aussi nos abonnements aux conseillers en gestion de patrimoine, aux investisseurs institutionnels, aux courtiers...

Capital.fr : Certains fonds ne sont pas notés par Morningstar… pourquoi ?
Jean-François Bay : Nous ne notons pas les fonds garantis, dont les stratégies sont trop hétérogènes pour être comparées. Nous excluons tous les OPCVM qui ont moins de 3 ans d'existence, et ceux dont la gestion a été modifiée de manière importante récemment.

(Thomas Le Bars - Capital.fr - 21/09/11)

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