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jeudi 26 mai 2011

"Investir en Russie est loin de ne rimer qu’avec gaz et pétrole"

Le point sur la situation des marchés actions de sociétés implantées dans l’ex-bloc de l’Est mais aussi dans les pays du pourtour méditerranéen avec Leigh Innes

Géant américain de la gestion de fonds de placement – près de 500 milliards de dollars lui sont confiés – le groupe T. Rowe Price a lancé son fonds consacré aux marchés de l’Europe dite «émergente» il y a onze ans. La firme gère au total plus de 800 millions de dollars dédiés aux actions de sociétés implantées dans l’ex-bloc de l’Est mais aussi dans les pays du pourtour méditerranéen. Le point sur la situation avec Leigh Innes, en charge depuis 2007 de ce fonds.

Le Temps : Les élections de 2012 se profilent en Russie et certains analystes évoquent des tensions avant le choix de la candidature de Dmitri Medvedev ou de Vladimir Poutine. Ceci influence-t-il d’ores et déjà vos investissements dans le pays?

Leigh Innes : Seulement à la marge car mon approche demeure «bottom up»: je pars de l’analyse de la société dans laquelle je souhaite investir plus que des conditions économiques ou politiques. Néanmoins, en ce qui concerne les élections en Russie, je table sur le fait que le candidat soit décidé hors de toute confrontation et sur une poursuite de la politique économique actuelle.

– Investir en bourse en Russie, c’est avant tout être dépendant du secteur pétrolier et gazier. C’est également votre cas ?

– Il est vrai que les sociétés du secteur de l’énergie représentent 60% des exportations. Et plus de la moitié de l’indice boursier MSCI Russie. Reste que le pétrole et le gaz représentent une proportion beaucoup plus faible du PIB du pays: pas plus de 23%. Notre fonds est libre de ne pas forcément répliquer la composition des indices de référence. Ceci nous permet de limiter le poids des sociétés du secteur de l’énergie à 20% de nos investissements. Investir en Russie est loin de rimer uniquement avec gaz et pétrole.

– Hors de ces poids lourds du marché russe, dans quoi investir ?

– Dans la consommation, en particulier dans la grande distribution. Moins de 40% du secteur du commerce de détail est le fait de supermarchés ou d’hypermarchés modernes, alors que leur rôle atteint 70% dans un pays comme la France. De même, la part de l’activité du secteur réalisée par les dix premiers détaillants du pays atteint à peine 10%, contre 80% en France. Nous nous focalisons sur des groupes russes comme X5 ou Magnit. En cinq ans, le nombre des points de vente contrôlés par ce dernier devrait doubler.

– Les banques viennent également à l’esprit… Y investissez-vous ? Ou restez-vous échaudés par la bulle du crédit connue par les pays d’Europe de l’Est, il y a deux ans ?

– Non cela reste un des secteurs que nous favorisons: Sberbank est même notre plus gros placement en Russie. Nous investissons ici dans la faible pénétration des services bancaires sur le territoire russe. La crise a certes touché durement le secteur bancaire du pays et le rythme de croissance de son activité est passé de 40-50% par an avant la crise à 15-20% aujourd’hui. Il faut être très sélectif. Dans les cas de Sberbank, les comptes montrent que seulement 6,7% des prêts accordés sont considérés comme difficilement recouvrables. Ceci sans compter que sur le front boursier, cette banque offre une valorisation très attrayante au regard de ses homologues des autres pays émergents, par exemple au Brésil.

Hors de Russie, nous nous sommes également intéressés à la Bank of Georgia, établissement rapidement sorti de la crise et qui bénéficie de l’aide étrangère affluant dans le pays depuis la fin du conflit avec son voisin russe.

– Ceci signifie-t-il que vous prêtez moins d’attention aux grands groupes du secteur des matières premières dominant les marchés boursiers des pays de l’ex-URSS ?

– Non. Limiter notre présence dans le secteur du pétrole ou du gaz ne veut pas dire que nous n’accordons pas d’importance aux sociétés exploitant d’autres matières premières. Nous nous focalisons ainsi sur celles disposant des plus bas coûts de production et affichant de nouveaux projets permettant d’assurer leur croissance à l’avenir. Dans le gaz, cela signifie jouer Novatek plutôt que Gazprom. Prenez également Ferroexpo, une société ukrainienne cotée à Londres. Extrayant du minerais de fer, celle-ci reste dépendante des cours mondiaux imposés par des géants du secteur comme Vale ou BHP Billiton. Il n’en demeure pas moins que l’entreprise a profité des dévaluations mises en place dans le pays pour devenir plus compétitive. Et après avoir longtemps fourni les aciéries européennes, elle alimente aujourd’hui l’Asie. Sur le même thème, mentionnons l’aciériste russe Magnitogorsk. Ou Eurasian Natural Resources, un groupe minier kazakh gros producteur de ferrochromes.

– A vos yeux, investir sur les marchés de l’ex bloc de l’Est reste-t-il toujours aussi risqué ?

– La nature de ces risques a en réalité changé. Il s’agit aujourd’hui surtout de faire attention au retour de l’inflation. A un ralentissement de l’activité dans les pays de la zone euro servant de débouché. Ou, sur ces marchés boursiers, à une avalanche de nouveaux titres, en raison de la mise en bourse de nombre de sociétés cette année. Afin de mitiger ces risques, nous tentons de composer notre portefeuille suivant des convictions très fortes en nous focalisant sur une quarantaine de sociétés.

(Pierre-Alexandre Sallier - LeTemps.ch - 09/05/11)

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