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mardi 5 janvier 2010

Ian Henderson, gérant du fonds JPM Global Natural Resources

En moyenne, les prix des matières premières ont quasiment doublé en un an. Si le risque de bulle est réel, Ian Henderson, gérant du fonds JPM Global Natural Resources chez JP Morgan AM, en relativise néanmoins la portée.

En un an, l'or est passé de 800 à environ 1 200 dollars l'once. Comment expliquer une telle progression ?
Les inquiétudes sur les devises, en particulier la méfiance vis-à-vis du dollar, et plus généralement les incertitudes sur l'économie mondiale, ont constitué en 2009 des facteurs porteurs pour l'or. Mais, surtout, la position des banques centrales a évolué. Alors qu'elles étaient principalement vendeuses d'or durant ces vingt dernières années, elles sont maintenant devenues acheteuses. Début novembre, le gouvernement indien a acheté 200 tonnes d'or. Cela a conforté les investisseurs dans l'idée que les banques centrales allaient continuer à diversifier leur portefeuille, en particulier dans les pays émergents où les réserves en dollars sont conséquentes. Une évolution majeure qui a, bien sûr, contribué à la hausse du prix de l'or. En outre, la tendance haussière de l'or s'explique aussi par l'appétit croissant, surtout depuis la débâcle de Lehman, pour les ETF. Les craintes concernant la sécurité des liquidités placées au sein des banques en 2008 puis le contexte de taux très bas ont conduit la plupart des investisseurs à diversifier leurs portefeuilles, les ETF leur permettant d'être investis de façon exclusive sur l'or. Un autre facteur est également à prendre en compte : la rareté de l'or physique. La quantité produite, qui baisse d'année en année, approche 2 500 tonnes par an, ce qui correspond à peu près à la demande émanant du secteur de la joaillerie. En fait, la hausse de l'or est surtout liée aux mouvements des investisseurs spéculatifs. La quantité d'or équivalente aux achats d'ETF dépasse plus de mille tonnes, soit environ six mois de production ! Mais, en termes de valeur, les investissements en or représentent toutefois une faible part (0,003 %) du montant total investi sur les marchés internationaux développés, qui atteint plus de 22 000 milliards de dollars.

A court terme, l'or s'inscrit en baisse depuis son récent record historique. Pour quelles raisons ?
La récente baisse de l'or peut être expliquée par plusieurs facteurs. Les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis ont été moins négatifs que prévus. Les marchés ont donc considéré que la période de liquidité abondante, à moindre coût, allait s'achever. Le renforcement des anticipations de hausse des taux fait émerger de nouvelles perspectives d'investissement. Dans ce contexte, de nombreux investisseurs ont adopté une position courte (c'est-à-dire une position vendeuse) afin de prendre rapidement leurs plus-values, profitant ainsi de la hausse enregistrée par l'or durant ces derniers mois.

Pensez-vous qu'il y ait un risque de bulle sur les matières premières ?
Oui. Si l'on regarde le panel des matières premières, aucune situation de pénurie (en termes de matériaux) n'est à signaler. Le risque de bulle est pourtant réel dans la mesure où ce sont les acheteurs de matières premières non commerciaux qui influencent actuellement le marché des matières premières. Néanmoins, en termes de valeur, ce risque est à nuancer car les investissements sur le marché des matières premières ont atteint environ 50 milliards de dollars en 2009. Si l'on compare ce chiffre au montant total investi chaque année sur le marché des changes ou sur le marché obligataire, il reste limité. Certaines sociétés ont des valorisations supérieures au montant total des investissements en matières premières !

Quelles ont été les matières premières les plus performantes en 2009 ? Sur quelles matières premières investir cette année ?
En 2009, les matières premières qui ont affiché les plus fortes hausses sont le plomb, avec une augmentation de plus de 138 % à la mi-décembre, et le cuivre (+134 %). Mais, en moyenne, le prix de l'ensemble des matières premières a quasiment doublé. Même le prix du pétrole est passé du simple au double : de 35 dollars le baril à 70 dollars environ. De notre point de vue, le prix du molybdène (utilisé dans les alliages et les aciers) pourrait afficher une forte hausse cette année. L'acier ainsi que ses composants (notamment le manganèse) devraient s'inscrire en forte hausse car leur prix n'a pas rebondi autant que prévu en 2009. Si nous attendons plutôt une normalisation de la consommation d'acier dans les pays occidentaux, la consommation devrait continuer à augmenter en Chine en raison de ses projets d'infrastructures. Plus de la moitié de la consommation d'acier est désormais chinoise.

Anticipez-vous une hausse de la volatilité sur le marché des matières premières ?
Il est très probable que la volatilité s'inscrive en hausse dans les mois, voire les années à venir. Les marchés des matières premières ne sont pas extrêmement liquides. En cas de pressions sur les prix ou de déséquilibre entre le nombre d'acheteurs et de vendeurs, l'ampleur des variations pourrait être encore plus importante que dans le passé, car les investisseurs sont aujourd'hui majoritairement constitués d'investisseurs spéculatifs et non d'acheteurs commerciaux.

Quel scénario envisagez-vous concernant le pétrole ?
Nous sommes relativement prudents quant à l'évolution du prix du pétrole, marquée par des phénomènes de spéculation. Les investisseurs souhaitent en effet profiter du «contango» actuel, c'est-à-dire d'une configuration de marché où le prix spot du pétrole est inférieur au prix d'un contrat à terme. Cela signifie qu'une livraison future est plus chère qu'une livraison actuelle. Une situation idéale pour les spéculateurs qui réalisent des profits au travers de la vente de contrats à terme. De leur côté, les pétroliers cherchent à faire des gains en retenant des bateaux chargés de pétrole pour le vendre ultérieurement plutôt que de le vendre à moindre coût sur le marché spot. Le même phénomène de contango se produit d'ailleurs sur le marché des métaux de base (surtout l'aluminum). Mais au-delà de cette tendance spéculative, la demande réelle reste quant à elle déprimée, en raison de la diminution de la consommation aux Etats-Unis comme en Europe, où la demande de pétrole devrait continuer à reculer en 2010. Dans ce contexte, l'OPEP a d'ailleurs décidé de ne pas augmenter ses capacités de production.

Les perspectives de croissance en Chine sont-elles susceptibles de faire monter le prix du pétrole ?
Aujourd'hui, la consommation de pétrole en Chine n'est pas significative : en effet, elle représente environ 10 % de la consommation mondiale, soit moins de la moitié de la consommation aux Etats-Unis. Cependant, cette situation évolue rapidement, la consommation chinoise progressant d'année en année. A titre d'illustration, le nombre de voitures vendues en Chine dépasse désormais les ventes enregistrées aux Etats-Unis. A l'avenir, l'influence de la Chine sur l'évolution du prix du pétrole sera de plus en plus importante.

Vous êtes gérant du fonds «JPM Global Natural Resources». Quelles positions seront privilégiées cette année, notamment en termes de répartition sectorielle ?
Actuellement, nous surpondérons les métaux précieux, ainsi que, dans une moindre mesure, les métaux de base. En revanche, nous sous-pondérons le secteur énergie. Notre portefeuille est aujourd'hui investi à hauteur de 21 % environ dans des sociétés présentes dans le secteur des métaux de base (avec l'initiation d'une position sur l'acier) et à hauteur de 38 % dans des sociétés appartenant au secteur de l'or et des métaux précieux. Si l'économie se stabilise, il est probable que nous révisions à la hausse nos positions sur les métaux de base et à la baisse celles sur l'or. Nos positions dans le secteur de l'énergie représentent quant à elles 23 % du portefeuille, dont près de 16 % dans le pétrole et le gaz naturel et la part restante dans le charbon et l'uranium. Une chose est sûre, nous entrons dans une longue période de hausse des prix des matières premières, sans doute marquée par des épisodes volatils, mais alimentée par les perspectives de développement économique dans les pays émergents.

(Angèle Pellicier - AOF Funds - 05/01/10)

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