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jeudi 10 décembre 2009

Eloge de la Russie

Réaction de Karine Hirn, Directeur Général d’East Capital, et Jean Marie Laporte, Directeur du bureau de Paris d’East Capital, à l'article de Nouriel Roubini publié le 16 novembre 2009 dans les Echos, "Quels sont les vrais pays émergents ?"

Dans le commentaire publié le 16 novembre par les Echos, Nouriel Roubini exerce sans retenue son talent de caricaturiste dans sa charge contre la Russie, selon lui un imposteur qui se serait glissé tout à fait indûment dans le concert des quatre pays émergents à fort potentiel regroupé dans l’acronyme BRIC popularisé par Goldman Sachs. Ce point de vue, à notre connaissance, n’a pas d’équivalent récent dans la violence de la propagande anti russe qu’il manifeste, et peut malheureusement conforter un préjugé anti russe qui reste assez répandu. Il appelle les observations factuelles suivantes :

Premièrement, les marchés ne sont pas d’accord avec le prétendu effacement de la Russie : le marché d’actions (indice RTS) a progressé de 120% en € depuis le début de l’année, le chiffre le plus élevé parmi les économies BRIC. Sur 10 ans, malgré une volatilité marquée, le marché russe a monté de 600%. La capitalisation boursière atteint USD 500Mds, un chiffre 2,5 fois plus élevé que la capitalisation de la Turquie, par exemple, et la valeur boursière des sociétés russes est bien supérieure si l’on tient compte des actions russes sous forme de GDR ou ADR sur les marchés internationaux. Le marché russe, moins cher que les autres grands émergents, intègre une prime de risque et reflète aussi une croissance économique qui a été plus affectée à court terme par la crise que celle des autres BRIC.

Deuxièmement, sur les points de faiblesse relevés par Roubini :
- Il est inexact de dire que les banques et les sociétés sont très endettées. Le secteur bancaire est relativement peu développé, le total des bilans des banques ne représente que 60% du PIB russe et elles affichent des ratios de capital bien supérieurs à ceux des banques occidentales, généralement 15% ou plus (tier 1). L’endettement des sociétés a surtout été le fait des grandes sociétés internationales qui, après avoir souffert de l’assèchement des marchés internationaux, sont désormais revenues avec succès emprunter sur les marchés. Le soutien de la banque centrale russe a été sans faille et efficace tant auprès des banques que des sociétés et a permis de traverser la crise financière sans difficultés.

- Le fonds souverain a certes été sollicité par le pays qui n’avait pas connu de déficit budgétaire depuis plusieurs années et devrait être de 8% du PIB cette année. Mais il a été conçu pour cela et il est loin d’être asséché. Au contraire, les réserves de change de la Russie sont les troisièmes du monde et remontent rapidement pour atteindre plus de 420Mds de dollars. L’endettement extérieur de l’Etat Russe est voisin de zéro.

- Le prix des hydrocarbures et des matières premières dont la Russie est richement dotée est, aujourd’hui, à un niveau très satisfaisant après avoir touché un plus bas en décembre 2008 à 35USD/baril. Un baril à 50 USD suffit à assurer la stabilité des comptes de la Russie et la mise en œuvre de ses programmes de rénovation. La production de pétrole vient de toucher un niveau record de 9,95Mb/jours en Septembre. Le gaz a un fort potentiel de développement avec la mise en œuvre de pipelines vers l’Europe et la Chine à partir de 2012.

- Peut-on qualifier d’agressive la politique extérieure russe alors que l’on observe une détente à la faveur de la décision américaine d’abandonner un système de défense anti missile en Europe de l’Est qui était clairement agressif pour la Russie ? La perspective de détente et de coopération est plus forte aujourd’hui qu’hier. La Russie a la volonté d’attirer les capitaux internationaux et n’a pas une politique particulièrement défavorable aux entreprises occidentales présentes. Même les cas épineux du type TNK-BP dans le pétrole ou Télénor/Vimpelcom dans la téléphonie mobile ont abouti à des solutions équilibrées pour les parties.

Enfin, on ne peut nier les faiblesses de la Russie. Premièrement une faiblesse démographique certes avec une surmortalité masculine élevée mais pour la première fois depuis 15 ans en août dernier il y a eu plus de naissances que de décès. Deuxièmement une trop grande dépendance à l’égard du pétrole et des matières premières, mais le secteur des hydrocarbures ne représente que 25% du PIB russe et l’Etat recycle activement la rente des producteurs par la fiscalité. Enfin des difficultés de lire le cadre légal pour les investisseurs étrangers mais des réformes sont activement poursuivies et tous les grands noms mondiaux de l’industrie et des services sont présents et se développent en Russie.

Les dirigeants ne cherchent pas à masquer les faiblesses et les défis que le pays doit relever, au contraire : dans son dernier discours sur l’Etat de la nation le 12 novembre, Medvedev déclarait : « Au 21e siècle, notre pays a besoin d’une modernisation de fond en comble. Ce sera une expérience, une première dans l’histoire de notre pays, qui sera basée sur les valeurs et les institutions de la démocratie ».

(Karine Hirn et Jean Marie Laporte - Les Echos - 09/12/09)

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